On était en fin d’après-midi et Natsuki s’était dit qu’il était encore tôt et que par conséquent il n’y aurait presque personne aux bains & douches de la FEAH. Elle allait pouvoir se détendre après avoir travaillé dur à la forge. Elle avait hâte de rentrer dans l’eau chaude remplie de mousses onctueuses et d’une odeur divine. Ses muscles endoloris ne demandaient que ça. Plus tard dans la soirée, avant de rentrer pour aller dormir, elle devait encore participer à son cours d’arts martiaux et elle devait impérativement être au top de sa forme pour s’éviter un quelconque claquage.

La 3ème année arriva à destination et se dirigea vers le vestiaire des filles en attrapant au passage des serviettes. Elle était toute seule. Parfait ! Elle se déshabilla et mit autour de son corps le paréo fourni. Elle enfila une paire de claquettes, indispensable pour éviter tout désagrément ! Il fallait être prévoyant. Elle prit sous son bras les serviettes et sortit pour rejoindre le bain réservé aux filles. Elle entendit soudainement son ventre gargouiller. Ah, bon… Il semblerait qu’après le bain elle allait devoir manger avant toute chose. Elle avait des barres protéinées qui feront l’affaire en attendant. Elle en mangera sur le chemin pour rejoindre la bibliothèque où elle comptait passer une heure ou deux avants de rejoindre son cours et une fois rentrée dans son petit appartement, elle se fera un vrai repas. Il fallait donc qu’elle arrête de penser à de la nourriture ou sinon ça serait un vrai supplice et elle voulait vraiment prendre un bain avant.

En sortant des vestiaires, Natsuki ne pouvait s’empêcher de regarder autour d’elle. C’était tellement beau n’empêche. On pourrait facilement se prendre pour des athéniens ou des spartiates devant l’endroit qui faisait très « ancienne Grèce » avec ces gigantesques statues de pierre et toutes ces moulures… Même au bout de 3 ans Natsu ne s’en lassait pas.

Une fois dans l’eau elle soupira d’extase et toute la fatigue accumulée s’évapora peu à peu. Elle se détendit ainsi pendant longtemps, trop peut-être car en sortant de là elle avait la peau cramoisie et les doigts fripés. Mince ! Elle était sûrement restée trop longtemps. Elle pensait s’être assoupie tout au plus 15 minutes mais il semblait que 45 minutes venaient de s’écouler. Elle embarqua serviettes et claquettes, se séchant à moitié et se dirigeant vers les vestiaires. Mais voilà, dans sa précipitation, elle glissa et faillit tomber et par pur instinct (promis juré !) se cramponna à la personne qui venait de débarquer. Cela lui évita des désagréments comme avoir les quatre fers en l’air.

- Je suis sincèrement désolée je ne voulais pas m’agripper à toi de la sorte, je n’ai pas enfilé mes claquettes et j’ai glissé hé… Oh… Heu…

Natsuki venait de réaliser qu’elle avait en face d’elle non pas un élève – d’où le tutoiement – mais du conseiller d’orientation. Ok… Plus gênant que ça tu meurs… La jeune femme devint encore plus rouge et supplia intérieurement Yama d’ouvrir l’enfer sous elle. Elle se mit à balbutier. Elle respira un bon coup et recommença.

- Je suis désolée, monsieur Doisneau… Je ne voulais pas vous manquer de respect…

Que pouvait-elle dire d’autre ? Elle était gênée et Yama ne semblait pas vouloir écouter ses prières silencieuses. Heureusement, personne ne l’avait vu s’accrocher ainsi à Morphée parce que sinon des rumeurs risqueraient de circuler. Non non non, elle détestait les rumeurs et en particulier des rumeurs qui pouvaient détruire une vie ! Pas que Morphée soit moche, loin de là ! Mais c’était glauque d’avoir une liaison avec un professeur non ? Ça y est, le cerveau de Natsuki commençait à dérailler...

C'était toute une expérience que de passer un moment dans les bains douches et Morphée ne s'y rendait pas très souvent. L'endroit étant bondé d'étudiant, il l'évitait souvent comme la peste, exception faite de quelques créneaux plutôt tranquilles.

Il s'était levé particulièrement tôt en cette paisible journée , après l'avoir eu dans les pattes, il se disait que c'était une très bonne idée que de se poser un peu dans les bains. Voir la sueur partir, lui permettre de souffler. L'eau chaude des bains, le calme de l'horaire,  il se voyait déjà complètement immergée et s'asseyant lascivement sur un rocher, complètement seul dans le bain.

Morphée s'en réjouissait d'avance, surtout que l'avantage du lieu était tout de même de ne pas prévoir grand chose, les paréos étant fournis sur place. Les mains dans les poches, presque, il entra dans le bâtiment – il était majestueux, Scipio aurait pu se faire du fric en le transformant en musée. Même si tout compte fait, la FEAH récoltait sans doute plus d'argent en le gardant en l'état, vu la qualité des bains. S'il y avait bien un adjectif pour qualifier l'endroit, ç'aurait été majestueux, grand.

Le conseiller d'orientation était un peu ailleurs, les cernes étaient visibles autour de ses yeux qui avaient un peu (beaucoup) veillé la nuit dernière. C'était clair : il était fatigué. Il n'écouta pas les recommandations de la personne à l'accueil, se dirigea par habitude vers les vestiaires.

Merde.

L'accès aux vestiaires des hommes était fermé par un panneau signifiant que le ménage était en train d'être fait. .

« Merde. », jura-t-il, puis constata que le vestiaire des femmes était ouvert.

Le dilemme ne se forma pas très longtemps dans la tête de Morphée : il n'exista même pas. Il y eut peut-être quelque chose du genre « ce n'est pas une très bonne idée. » et puis il pensa à la journée qui l'attendait et son incapacité à attendre immobile plus de cinq minutes (au minimum !) que le vestiaire ouvre.

Rapidement, il se camoufla derrière un poteau, baissa la tête, ferma les yeux pour se concentrer, puis changea.

La forme des femmes n'était pas ce que Morphée préférait au monde, mais il avait déjà effectué ces transformations physiques par la passé, lorsqu'il était encore le Changeforme (le soir même, dans un tabloïd à la con, il avait même lu un article qui posait l'hypothèse comme quoi sous son masque, une femme se cachait sans doute, il avait ragé puis dit qu'ils étaient complètement cons). Il pensa à cette femme qui avait partagé son lit une fois (la seule en fait) et son corps se métamorphosa – seuls les principaux traits de son visage restèrent identifiable, il s'arrangea cependant pour que la cicatrice, cette maudite cicatrice qui courait de sa tête à sa cuisse, restât dissimulée.

Trouver un paréo fut simple, il s'avança dans le vestiaire d'un pas certain : il n'y aurait certainement personne, en plus. Morphée sortit des vestiaires pour...se prendre une étudiante, manifestement trop occupée pour remarquer ce qui clochait. Oh, ce ne serait qu'une question de temps, et il devrait sans doute réagir pour la faire taire (ou lui faire comprendre que non, il n'était pas un voyeur, il en avait juste marre d'attendre)

« Oups. C'est aussi gênant dans mon cas, Sugawara. », il connaissait globalement les noms de tous les étudiants, même ceux qui n'étaient jamais allé le voir. « Ca arrive, il est vraiment que le sol est particulièrement glissant. Vous n'êtes plus un enfant en revanche, ne soyez pas surprise. L'accès homme est fermé. »