La vie avant la mort - Le passé oublié
Un nourrisson vient au monde dans une famille aimante. Entouré et choyé, tu se prénomme Luca. Tu grandis et as tout de l'enfant parfait. Quoique parfois tu as des colères et des caprices. Tu aimes gagner aux jeux avec tes camarades. Tu brilles avec de bon résultat. Ta mère te veut  médecin, ton père te veut avocat. Des mots qui résonnent creux pour toi, car tu veux être astronaute. Rêve d'enfant, souvenir lointain, qui se meurt à l'adolescence.

Tu tombes amoureux, une fois, deux fois, trois fois. Tu profites de la vie, des soirées. Tu goutes l'alcool, tu goutes la cigarette, tu goutes à plus fort. Une jeunesse dorée avec ses expériences et ses découvertes, même si tu dois faire le mur pour le faire.

Tout allait pour le mieux, jusqu'au déclin, à tes 17 ans.
Retour de soirée, un accident, état critique.
L'ambulance t'emmène à l'hôpital. Les médecins font de leur mieux, mais tu es dans le coma. Impossible de déterminer quand tu en sortiras et si tu en sortiras.

L'avenir brillant prend fin. C'était une belle histoire.

Mais (mal)heureusement pour toi, des scientifiques s'intéressent à toi. De par un échantillon sanguin, ils ont vu un détail qu'ils cherchaient pour leur recherche. Et tu correspond parfaitement. Prédisposition d'un pouvoir endormi, sommeillant en toi, mais jamais éveillé. Tristesse d'un état frôlant là mort. Qui ne tente rien n'a rien. Alors ton corps est kidnappé pour leur laboratoire.
À ta famille, ton décès est signalé. Ton enterrement est simulé, avec un cercueil vide dont même tes parents ignorent la chose.

Des tests se font sur ta personne alors que tu demeures dans un sommeil sombre. Ton état périclite. Tes constantes diminuent au fur et à mesure. Ils provoquent ta mort pour leur expérience. Et ta renaissance.
Un zombie nait de la main d'un sorcier vaudou. Mais ici, tu nais de la main des scientifiques, nouveaux sorciers en quelques sortes.

Tu es l'aboutissement de leurs expériences.



Première année
Tu ouvres les yeux sur un plafond. Inconnu.
Tu te redresses sur le lit et observes la pièce où tu te trouves. Inconnue.
Tu ne comprends pas ce que tu fais là. Tu baignes dans un brouillard épais, celui de la mémoire qui refuse de revenir vers toi. Tu es également un inconnu pour toi.

Incompréhension, peur, inquiétude, angoisse. Ta gorge s'assèche.
Tu lèves et arraches au passage ce qui te reliait à des machines étranges. Tu te rues vers la porte, d'un pas non assuré, comme si tu n'avais plus marché depuis trop longtemps. Te ruer n'est donc pas le bon terme, tu te traines avec un empressement certain et tu te retiens de tomber en t'accrochant à ce qui t'entoure. Une fois la porte atteinte, tu l'ouvres. C'est l'infirmière ou ce qui y ressemble qui fait les frais de la première manifestation de ton pouvoir. Et puis, c'est la fuite.

Tu erres tel une âme en peine. Tu sens que quelque chose ne va pas avec toi. Tu ne sens pas ton coeur battre sous la peur ou l'adrénaline. Or, même si ta mémoire a flanché, tu conserves des connaissances. Ainsi, tu mets le doigts sur un truc qui ne va pas. Tu comprends aussi le monde qui t'entoure, du moins ça ne t'es pas inconnu, mais tout ce qui te concerne reste flou, même quand les jours passeront. Même ton nom refuse de revenir. Alors tu t'en dégotes un autre.

Les jours passent, tu étayes une théorie sans certitude. Tu étais à l'hôpital, il a du t'arriver un truc grave.
Tu te lies avec des gens, pas forcément les plus fréquentables, quoique cela dépend des points de vue. Et tu t'arranges pour retrouver une identité officielle.
L'été passe, chaud et inconfortable. C'est là que tu constates l'horreur de ton état et que tes hypothèses se concrétisent. Il y a un problème avec ton épiderme. Ta peau pèle. Pire, elle pourrit avec la chaleur, elle se décompose, elle tend à se détacher. Tu caches ce qui t'arrive avec des vêtements amples et des bandages. Maintenant, tu sais. Tu n'es plus vivant. Mais tu n'es pas complétement mort ? Tu es revenu de l'enfer. Tu es un zombi.

Tu te renseignes et sans hésitation, tu t'inscris à FEAH. Parce que là-bas, tu seras plus ou moins accepté. Parce que là-bas, tu peux donner ton corps à la section des sciences pour l'étude de ton cas. Pour stabiliser ton état. Pour ne pas mourir une nouvelle fois, si cela est possible.

C'est durant la seconde moitié de l'année scolaire que tu te proposes en tant que cobaye volontaire. Et pendant cette période, les tests aident, bien qu'ils ne soient pas encore satisfaisant.

Tu termines ensuite ton année et tu espères survivre à ce nouvel été.


Seconde année
Un nouveau cycle, tout reprend, comme les saisons.
Les cours suivent leur rythme. En guise de spécialisation, les sciences. Parce que t'as trop la flemme pour aller en asociale et parce que les sociales ne t'inspirent pas. Et puis, l'ironie de donner en partie ton corps a la science, alors que toi-même tu étudies là-dedans, ça a un certain côté cynique qui te plait. Parce que oui, tu sers toujours de cobaye pour le département des sciences. Au point où tu en es, ils ne peuvent pas empirer ton état n'est-ce pas ? Tu subis deux expériences cette année-là. Elles ne sont pas agréables, bien moins que la toute première. Tu subis aussi la pose d'espèces d’agrafes pour maintenir sa peau. Il se dit que au moins, ça lui donne un style...  Aussi, tu trouves un petit boulot pour mettre de l'argent de côté, car on ne fait rien sans.

Ta merveilleuse qualité de revenant est visible par endroit. Tu caches les stigmates de tes chaires derrières les vêtements, encore et toujours. Pourtant, le constat se fait et tu subis le rejet de la part de certain. Un premier choc, avant que cela ne te passe au dessus de la tête. Tu ne peux rien y faire s'il sont étroit d'esprit. Et tu ne peux rien changer à ta situation. Elle ne peut, théoriquement, pas être pire, du moins tu le crois. Et lorsque le petit crétin du coin de la rue est venu te chercher des noises alors que le soleil était couché, tu lui a bien fait peur quand tu as usé un peu de ton pouvoir sur lui. Un plaisir appréciable de voir son visage se tordre sous la peur quand tu l'as relâché. Un jeu dangereux aussi, mais les risques permettent de pimenter ta triste existence amnésique. Tu tentes d'ailleurs de retrouver tes souvenirs, mais en vain. Peut-être y a-t-il des informations quelque part, mais même si qui tu étais te rend curieux, ta sécurité actuelle est ce qui t'importe le plus actuellement.


Troisième année
Une année de plus qui s'entame. Une certaine lassitude qui s'empare de toi, accordée à la curiosité sur ce monde et sur où il va. Tu te fais plus spectateur qu'acteur, mais c'est peut-être aussi une manière d'attendre le bon moment pour sortir de l'ombre.


Et quoi qu'il en soit pour le moment, tu ne souhaites pas te retourner sur ton passé. Tu es remonté des Enfers, tel Orphée, mais peut-être es-tu encore sur le chemin menant au monde, céderas-tu à l'envie de te retourner, et de découvrir un jour qui tu étais et ce qui t'es arrivé ?