Esope est sympa, apparemment sans histoires et plutôt malchanceux.
Sa mésaventure avec la fée mise à part, on dirait un petit gars tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
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…sauf qu’il est membre d’une cabale.
Endoctriné religieusement par sa famille jusqu’au dernier degré.
(TW : mentions de traitements inhumains, kidnappings, aliénation, et ce, avec une certaine nonchalance.)
Le samedi soir, on le retrouve à genoux dans les platanes en train de vénérer les champignons.
A ses yeux (haha), c’était un grand honneur que la fée lui arrache les yeux.
Il était en train de rire à gorge déployée et d’applaudir des deux mains pendant l’opération.
…à la fin, la fée était un peu troublée, et a préféré en rester là avant que ça ne devienne trop bizarre.
Ainsi, en dépit des apparences, Esope est obsédé par le surnaturel. Il révère son existence. Les forces obscures. Les faes. Les démons. A plusieurs reprises, il est retourné dans les bois en criant le nom de la fée qui l'a énucléé, dans l’espoir de la retrouver.
…elle s’est drôlement bien cachée. Et honnêtement, elle ne se sentait pas bien à l’idée de le revoir.
En dépit de son fanatisme, cependant, Esope n’est pas dangereux.
Il n’est pas davantage qu’un vulgaire troufion au sein de sa cabale (sa tâche la plus importante consiste à préparer l'apéritif pour les autres membres), il n’est pas autorisé à prendre la moindre initiative, et il ne saurait pas bien quoi faire de toute façon.
D’ailleurs, étant conscient de devoir dissimuler son secret, Esope fait en sorte de passer pour un étudiant ordinaire, et s’efforce de ne pas révéler son admiration maladive pour les créatures issues du surnaturel. Il garde pour lui toutes les pensées affectueuses et tordues que leur présence lui inspire.
Son intérêt fanatique, cependant, le pousse à enquêter sur les secrets des autres.
Et sa poupée-hibou est drôlement utile quand il s’agit de les espionner…
***
Esope est complètement déconnecté de son propre corps.
Se voyant à la troisième personne, il n’éprouve aucune sorte de peur, comme s’il n’était que le spectateur de tout ce qui peut bien lui arriver. C’est un danseur consommé, traitant son corps comme s’il s’agissait d’une marionnette, pour des chorégraphies déroutantes et emportées ; cette attitude peut surprendre en situation de crise, où Esope s’utilise de toutes les façons possibles pour parvenir à ses fins, sans aucun égard pour sa propre sécurité.
Ses seules craintes sont d’ordre social. Il a peur d’être détesté pour ce qu’il est. Il cache fébrilement sa véritable nature, et ce, pas toujours très habilement. Le fait est qu’Esope est parfois plus torturé que les monstres qu’il poursuit de ses assiduités… se faire rejeter par l’un d’eux serait un vrai crève-cœur pour le jeune homme.
Il aime profondément les créatures monstrueuses.
***
La mère d’Esope est agente dans une société de sécurité privée.
Son père est l’adjoint du maire d’Olbia.
Ce sont deux fanatiques forcenés.
Avec leur cabale, ils se sont déjà livrés à des kidnappings, des séances d’invocation, de possessions ; des rituels un peu sordides auxquels Esope a eu l’occasion d’assister.
Le jeune homme considère les membres de la cabale comme sa famille et il apprend beaucoup d’eux : les stratégies d’espionnage, la méthodologie pour soutirer des informations à une cible, tromper sa vigilance, quelle technologie utiliser, comment éviter de laisser des traces de ses méfaits. Les cultistes sont d’ailleurs très fiers de lui (et trouvent qu’il n’a pas son pareil pour préparer les entremets au saumon). Esope s’occupe d’ailleurs des prisonniers avec zèle et jovialité, c’est un travailleur, qui n’hésite pas à frotter dur pour nettoyer les traces de tripaille qui demeurent sur les outils de torture ; il parfume même les tenailles à la lavande, pour que l’expérience soit plus agréable pour tout le monde.
Pour rappel, Esope n’a jamais réellement participé à l’une de ces sordides entreprises ; il se contentait de regarder.
…mais le jour viendra peut-être où sa famille lui demandera de sauter le pas.